Soigner par les émotions et le ressenti corporel
La Gestalt-Thérapie est une thérapie psy. dite corporelle, c’est-à-dire qu’elle se centre sur le ressenti, les sensations, les émotions plutôt que sur notre mental et nos capacités d’analyse.
Cela permet d’accéder à des couches profondes de notre vécu, celles qui se situent encore au niveau pré-verbal, c’est-a-dire qui ne sont pas encore formalisées par notre cerveau. En effet bien souvent, nous savons analyser notre histoire, et pourtant il nous est parfois difficile d’accéder au changement. L’objet de cette approche est d’aller en-deça de nos capacités mentales et analytiques pour aller plus en profondeur, soutenir ce qui nous anime émotionnellement et dont nous ne maîtrisons pas toujours les clés.
Qu’est-ce que cela implique concrètement ?
Pour cela, le psy va attirer à certains moments clés de l’échange notre attention sur nos perceptions immédiates, sur notre vécu de l’instant dans notre corps, et tenter de déplier avec nous les phénomènes que nous observons. Cela peut passer par le fait d’attirer notre attention sur notre posture, notre regard, nos gestes. Cela peut être l’exploration des ressentis corporels et des images qui se présentent lors de l’émergence d’une émotion. C’est comme si nous arrêtions le temps, les retours au passé comme les projections dans le futur, pour nous concentrer exclusivement sur l’instant présent et ce qui s’y produit. Et, si nous prêtons attention, nous voyons qu’il se passe des choses innombrables. En fait, on peut même dire que « tout » est déjà présent ici, notre histoire, notre existence, est accessible par cette porte d’entrée qu’est l’instant.
Exister dans l’instant présent, pour nous connecter à notre totalité
Ce focus sur l’instant présent nous approche des états de pleine conscience, qui sont utilisés pour la méditation. Mais la méditation est une expérience de soi avec soi, et qui n’a pas vocation à être thérapeutique. Ici, en Gestalt-Thérapie, nous sommes dans un objectif de soin, et travaillons avec la relation. Je ne suis pas seul dans cette exploration guidée de la conscience. C’est le thérapeute qui accompagne, soutient l’expérience, et la nourrit par l’échange relationnel. Il s’agit d’une expérience d’altérité, qui se co-construit dans la rencontre thérapeutique.
Lorsqu’on parle de co-construction de l’expérience, cela implique que le thérapeute va s’appuyer sur sa propre pleine conscience de la situation présente. Mais il ne va pas chercher à interférer sur l’expérience en cours, ne va pas l’analyser et encore moins à modifier. Il va être engagé dans le soutien du vécu qui émerge pour le patient. Ce vécu au plus proche de celui de son patient va lui permettre d’entrer en résonance émotionnelle avec lui. Ce que nous pouvons appeler l’accordage, comme si les vécus, à un instant, se rejoignaient dans un son uniforme, un partage co-créé. Cette capacité à entrer en résonance ouvre au patient la possibilité d’être vu, entendu profondément, reconnu et validé profondément dans son vécu. Et c’est notamment cette profonde reconnaissance qui est déjà, en soi, thérapeutique.
Le corps comme voie royale du changement
Tout au long du travail thérapeutique, le thérapeute va, par son attitude d’ouverture et d’accueil profond, permettre au patient de contacter ses ressources propres, toujours en privilégiant le canal de la perception corporelle. Des prises de conscience peuvent émerger, mais aussi des changements, un dépassement de ses territoires connus : par des expérimentations corporelles ( des mouvements, un changement de place dans l’espace, un dialogue avec une partie de son corps, l’usage d’outils art-thérapeutiques….) le patient va vivre de nouvelles modalités d’existence et de perception, qui vont venir soutenir son élan vital naturel, et aussi élargir le champ de ses possibilités dans ses interactions avec le monde.