La psychothérapie doit-elle apporter des solutions ?
Acquérir la liberté de choisir nos comportements, et notre mode de vie, tel est l’un des objectifs clairement affichés de la psychothérapie en général. Et pourtant, les attentes des patients (et les réponses, aussi, parfois des thérapeutes) parlent plus de solutions à apporter à des symptômes.

Derrière ces attentes (légitimes) de solutions, de conseils, de process à appliquer, peut se cacher l’idée que nous serions en nécessité d’attendre de l’autre (le thérapeute) qu’il prenne en charge notre difficulté relationnelle, liée au stress, à l’anxiété, à des échecs sentimentaux etc… nous rendant dépendants de son diagnostic et de sa « prescription ».
Cette perspective sous-tend l’idée que celui qui vient consulter un psy ne serait pas capable de trouver par lui-même le chemin à prendre pour trouver un équilibre psychique, atteindre un mieux-être. La psychanalyse elle-même tend à nourrir cette idée que nous serions « prédestinés », « prédisposés » par nos vécus infantiles à rencontrer telle souffrance, que seul le psychanalyste pourrait nous faire dépasser, grâce au décryptage de notre inconscient.
Mais dans ce cas, quid de notre liberté de choisir nos comportements et nos modes de vie ? S’ils sont conditionnés par notre enfance, et que seul un spécialiste du psychisme peut connaître et nous aiguiller sur le chemin à prendre ? Cette vision de la thérapie, tout comme celle qui rééduque le comportement, ou encore celle qui agit en dehors de notre conscience, part du principe que nous n’avons pas les capacités, seuls, de rétablir notre équilibre, de trouver le mieux-être.
Le courant des thérapies humanistes, et plus particulièrement existentialistes, dont fait partie la Gestalt-thérapie, s’inscrit à partir d’une vision différente du psychisme humain. Notre développement n’est jamais figé, nous somme sans cesse en train de nous déterminer, c’est notre façon d’exister à chaque instant qui nous détermine. Cette vision de l’homme va ouvrir, en psychothérapie, sur des perspectives différentes de celles du déterminisme : si je me crée à chaque instant de mon existence, alors mon enfance ne me détermine pas, (même si elle laisse des traces). De plus, j’ai la liberté de décider de comment je veux me déterminer, me comporter, et j’en porte aussi la responsabilité.
Dans cette perspective, à quoi sert le psychothérapeute ? A soutenir l’émergence de nos besoins, et à exercer notre liberté de choisir en soutenant nos ressources propres. Ici, pas de conseil, pas de solution, pas de voie toute tracée vers le mieux-être, mais un chemin à entreprendre à deux, pour restaurer et re-contacter ses possibilités propres d’auto-guérison. En d’autres termes, de s’affranchir de ce qui entrave notre liberté d’agir et d’être.
