Comment la psychothérapie conduit-elle au changement ?
Quand on vient consulter en psychothérapie, les attentes de changement sont légion : changer ses comportements, changer sa façon de vivre les événements, son fonctionnement, oser passer le cap de changer de vie, changer ses types de relations… Au-delà de proposer une écoute ou d’aider à mieux comprendre ses fonctionnements, comment le psychothérapeute s’y prend-il pour amener les personnes à une évolution vers le mieux-être ?
La thérapie est plus qu’un lieu de parole et d’écoute
L’accompagnement psychologique peut permettre une écoute, un soutien, la psychanalyse va pouvoir aider à la compréhension de soi, de ses mécanismes, de son histoires et ses traumatismes. Mais alors, au-delà de ces bénéfices, comment la psychothérapie peut-elle amener au changement ?
La qualité de présence du psy
C’est l’une des conditions fondamentales à la réussite de l’accompagnement thérapeutique. Quand on parle de « qualité de présence », il ne s’agit pas de qualités charismatiques, mais d’une capacité à entrer en résonance avec le vécu du patient. C’est-à-dire se tenir au plus proche de ce qu’il amène, par son récit, ses mots, sans perturber, orienter, ou encore dévier sa trajectoire. Un espace laissé au patient, donc, pour qu’il puisse prendre sa place, se sentir libre de se livrer, tout en étant soutenu par l’empathie du thérapeute, c’est-à-dire sa capacité à « être avec », être au plus proche émotionnellement.
Le lien qui se crée
Le lien avec le psy va constituer un facteur essentiel du changement : que l’on parle de transfert comme en psychanalyse, ou de « contact » comme en Gestalt-thérapie, la relation qui se tisse entre les deux protagonistes de la thérapie constitue l’un des jalons essentiels du travail. Ce lien va souvent être l’occasion de rejouer d’autres liens présents ou passés de la vie du patient, avec, cette fois, l’opportunité de les vivre différemment.
Trouver une écoute et une reconnaissance de son être, par le biais de la présence active du thérapeute, constituera déjà en soi une possibilité de changement : être accueilli, reconnu, écouté, considéré, peut déjà constituer un changement dans la vie de la personne qui vient consulter, selon son histoire.
C’est la création de ce lien dans l’engagement et la durée qui va permettre de travailler en profondeur sur les problématiques amenées par le patient.
La prise de conscience
Quand on parle de prise de conscience, on peut entendre « compréhension mentale », donner un sens à un symptôme, trouver la cause, l’explication. Hors, la prise de conscience en thérapie va beaucoup plus loin que le simple fait de trouver des raisons à nos souffrances. En gestalt-thérapie, nous allons davantage travailler sur la prise de conscience de nos besoins que sur l’explication de nos maux. Et cette prise de conscience sera plus que mentale, elle va intégrer l’être dans sa globalité, c’est-à-dire son esprit, son corps, ses émotions, ses ressentis… La prise de conscience profonde est amenée, en gestalt-thérapie, par l’exploration et le déploiement de la conscience, dans une attitude d’attention profonde qui peut amener à des états de conscience proches de la méditation. C’est cette attention profonde, parfois silencieuse, qui va permettre de laisser émerger parfois des sensations, des images, des mots porteurs de sens. Y mettre de la conscience « par le corps » va ancrer profondément cette compréhension, et ainsi élargir les possibilités d’évoluer.
L’expérience qui crée le mouvement
Le gestalt-thérapeute va également pouvoir inviter le patient à suivre le mouvement naturel qui émerge de cette exploration en conscience : cela pourra être se lever, manifester une émotion, s’adresser à une personne… Cette attention fine, au-delà de la compréhension, nous permet d’aller plus loin de le vécu émotionnel et d’agir : faire bouger le corps, suivre le besoin qui s’exprime à cet instant, va nous permettre d’intégrer ce besoin et cette capacité que nous avons à y répondre. Dans la séance, et surtout dans la vie.