Ces émotions qui nous guérissent

Peur, tristesse, colère, joie, surprise, dégout. Voici les émotions principales que nous rencontrons au quotidien. A l’heure où le « quotient émotionnel » détrône le quotient intellectuel, où l’éducation prône l’expression des émotions des tout-petits, comme apprentissage fondamental gage de bien-être, l’expression de ces expériences qui contactent à la fois le corps et l’esprit sont valorisées. Elles seraient un phénomène à ne plus censurer, à vivre, à exprimer, pour être en harmonie avec soi.

Deborah de l'Espinay émotions

Pourtant, lorsque des émotions dites « négatives » nous saisissent, il est difficile d’emblée d’en ressentir le bienfait. Le propre de l’émotion est de prendre le contrôle, même un court instant, sur nos sens et notre esprit. Car c’est bien par le corps qu’elles vont se manifester, en premier lieu. Avant d’atteindre notre psychisme et notre pensée, pour s’élaborer en sentiments plus complexes. Prenant la forme d’une vague incontournable qui devient, le temps de son passage, maître de notre corps et de nos pensées. Et c’est cette submersion incontrôlable qui peut en faire une épreuve difficile à vivre. Quitte à vouloir nous la faire éviter, ou étouffer.

La peur va nous raidir, nous faire lever les épaules, la colère nous faire serrer les poings et les mâchoires, la tristesse nous faire vivre la sensation que notre corps est lourd… Notre corps nous fait vivre des états qui trahissent cette affectation, dont nous ne pouvons pas sortir tant qu’elle est présente.

Perdre le contrôle, se laisser envahir, se dévoiler aux yeux des autres dans une position de faiblesse, autant d’états qui peuvent nous donner envie de faire taire nos émotions. Réussir à les contrôler serait un gage de solidité, de maturité, de sagesse. Parce que les émotions nous ramènent à un état qui peut être caractérisé de puéril, d’enfantin, ou encore, fut un temps pas si lointain, d’hystérique.

La norme sociétale nous apprend, avec l’âge adulte, à nous contenir. Reste que même si nous réussissons à n’en laisser rien paraître, les émotions nous traversent. Et nous avons, inconditionnellement, sauf à en avoir bannis certaines ou toutes en réponse à une éducation qui ne permettait pas leur expression, à les vivre.

Nous ne sommes pas tous égaux devant les émotions : certaines périodes de vie vont être propices à leurs expression, certaines personnalités, dites « hypersensibles« , vont pouvoir les contacter très facilement. D’autres au contraire, se montrent d’une nature plus inflexible, ou moins expressive. Restent qu’elles nous concernent tous et ont un rôle prépondérant. Elles nous informent de notre besoin vis à vis de notre environnement. La peur, dans le monde animal, en est l’exemple le plus parlant : cette émotion est, dans la nature, un gage de survie.

Au-delà de la survie, les émotions nous informent, implacablement, de notre relation avec notre monde environnant. Nous pouvons choisir de les ignorer, de ne pas les exprimer, de ne pas les écouter, mais dans tous les cas, elles nous révèlent une information précieuse : elles nous indiquent un besoin, suffisamment fort pour qu’il se manifeste sous une forme claire. Si je ressent de la colère, qu’elle soit exprimée ou pas, cela m’indique sans détour qu’une situation ne me convient pas.