Changer pour…devenir soi. La théorie paradoxale du changement

Deborah de l'Espinay blog

Quand on entreprend une psychothérapie, on est en attente de changement : changer sa vie, ses relations, ou ses comportements pour se sentir mieux. Un mieux-être qui va être atteint, paradoxalement, non par la transformation de ce que l’on est, mais au contraire par le fait de devenir soi-même. C’est le concept mis au jour par Arnold Beisser, psychiatre et gestalt thérapeute américain, auteur de la théorie paradoxale du changement, qui nous dit que le changement apparaît lorsque le sujet devient ce qu’il est, non lorsqu’il essaie de se changer ». Reste encore à définir ce qu’est être soi-même.

L’importance de la relation nous apparaît, finalement, assez souvent dans notre quotidien : même si nous nous définissons d’une façon certaine (« Je suis introverti »), nous voyons bien que selon les personnes avec qui nous sommes en contact, nous pouvons nous ressentir différemment.

C’est le parti pris des thérapies relationnelles dont fait partie la gestalt-thérapie : travailler à partir de la relation qui se crée avec le thérapeute comme expérience qui vient renforcer, soutenir, les expériences futures à l’extérieur du cabinet. Penser en ces termes, c’est aussi pouvoir être soutenu pour bénéficier de tout ce que le lien, la relation peut apporter de nouveau (me permettre de me considérer différemment que selon mes croyances, par exemple).

Bonne ou mauvaise nouvelle : être ou devenir soi, dans cette perspective, n’est jamais acquis. Chaque instant, notre environnement est changeant, et nous offre de quoi changer avec lui. Je suis une personne unique en cet instant avec cette personne dans cette situation, et cela ne se reproduira jamais exactement de la même façon. En psychothérapie, cela est une bonne nouvelle dans le sens ou cette donnée permet de prendre en compte les possibilités d’évolution de notre être, instant par instant. La répétition exacte n’existe pas, permettant de sortir de cette peur bien répandue de « reproduire » des comportements. La pathologie serait alors d’être figé dans l’immobilisme et une conception de soi immobile. Le travail en thérapie va consister en l’appréhension, par l’expérience, de cette liberté de choix sans cesse renouvelée (et donc de cette responsabilité qui nous incombe). Etre-soi même, dans cette perspective, revient à dire que ce sont nos choix qui nous définissent.